La communauté juive de Rouen au Moyen-Âge
À Rouen la communauté juive est étroitement associée à la rue aux Juifs. Cette rue, dont la première mention remonte à 1116, traverse le quartier juif d’est en ouest.
Le quartier juif est situé en plein cœur de la ville médiévale. Il s’étend sur trois paroisses : Saint-Herbland, Notre-Dame-de-la-Ronde et Saint-Lô. Les juifs n’étaient donc pas les seuls à vivre dans ce quartier.
Les institutions communautaires, telle que la synagogue par exemple, doivent y occuper une place centrale. Le cimetière est quant à lui situé en dehors du quartier ; il prend place sur le Mons Judeorum au nord-ouest de la ville.
Relations entre Juifs et Chrétiens
Il est difficile de donner avec précision une date d’installation des premiers juifs à Rouen. Si certains évoquent parfois une possible présence dès l’époque gallo-romaine, les sources historiques elles ne permettent d’attester une présence des juifs à Rouen réellement effective qu’à partir du 11ème siècle.
Du 11ème siècle jusqu’au 14ème siècle juifs et chrétiens se côtoient donc dans les rues et sur les places de marché. Ils entretiennent des relations commerciales et souvent des rapports de bon voisinage. Les juifs jouent un rôle majeur dans les affaires commerciales de la ville et participent grandement à son essor économique : ils prennent part aux échanges avec les territoires voisins et s’engagent également dans le commerce à plus longue distance.
Les relations entre Juifs et Chrétiens, longtemps harmonieuses, commencent toutefois à se dégrader à la fin du 11ème siècle. Ainsi à l’occasion du départ pour la première croisade, en 1096, les Juifs de Rouen subissent une persécution particulièrement violente. Ceux qui refusent de se convertir au christianisme sont massacrés, leurs biens sont pillés et leurs demeures et édifices communautaires sont détruits.
Au 12ème siècle, le statut dont bénéficient les Juifs est plus favorable mais la situation se dégrade de nouveau au cours du 13ème siècle. Les juifs voient leur liberté de circuler et donc de commercer se restreindre petit à petit. Les contraintes se multiplient : interdiction de pratiquer l’usure (prêt à intérêt), interdiction d’habiter à la campagne, obligation de porter un signe distinctif… L’expulsion des Juifs de France décidée en 1306 par Philippe le Bel constitue le point d’orgue de cette politique menée à l’encontre de la communauté juive.
Une communauté influente
Rouen est un lieu important dans le rayonnement de la culture juive. Sous la direction de Rabbi Yossi la Yeshivah de Rouen acquiert une grande renommée. Lui et sa famille sont à l’origine, vers 1135, de la création d’une nouvelle communauté juive à Londres. Communauté-sœur de celle de Rouen, elle entretient pendant longtemps des liens étroits avec celle à qui elle doit son existence.
Plus généralement, de nombreux savants juifs (dont Rashbam et Abraham Ibn Ezra) viennent à Rouen en séjour ou encore pour s’y établir. Tous contribuent aux échanges intellectuels et font de l’académie de Rouen l’une des plus réputées de la France du Nord. De nombreux ouvrages de littérature rabbinique sont alors produits dans ce contexte d’effervescence culturelle.